Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824) fut le réformateur de la Stricte Observance Templière qui conduisit à l’Ordre des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte (C.B.C.S.) du Régime Écossais Rectifié (R.E.R.).
Né à Lyon, le 10 juillet 1730, il fut introduit en 1750 au sein d’une loge dont certains pensent qu’il s’agit des « Amis Choisis », mais dont le nom nous reste officiellement inconnu à ce jour. Il se passionne et s’investit immédiatement dans les activités maçonniques, au point d’être nommé, deux ans plus tard, à vingt-deux ans, Vénérable Maître.
Genèse du régime rectifié
Willermoz, dès cette date s’attache à une idée, qu’il précise dans un courrier à Charles de Hesse (1744-1836) en 1781 : « Je fus persuadé dès mon entrée dans l’Ordre [maçonnique] que la Maçonnerie voilait des vérités rares et importantes et cette opinion devint ma boussole. »
Déçu par le manque d’intérêt que ses frères de loge manifestaient à l’égard de la tradition, il œuvra inlassablement dans le but de redonner à l’ordre les couleurs initiatiques dont il n’aurait jamais dû se départir.
Fort de cette « exigence spirituelle », il fit une rencontre décisive, au cours de l’année 1766 en la personne de Joachim Martinès de Pasqually.
« Quelques heureuses circonstances me procurèrent, dans un de mes voyages, d’être admis dans une société bien composée et peu nombreuse, dont le but me fut développé et me séduisit. Dès lors tous les autres systèmes que je connaissais (car je ne pouvais juger de ceux que je ne connaissais pas) me parurent futiles et rebutants. C’est le seul où j’ai trouvé cette paix intérieure de l’âme, le plus précieux avantage de l’humanité, relativement à son être et à son principe ».
Lettre au baron de Lansperg – 1772
Ce fut lui qui insuffla au sein du R.E.R. qu’il mit en forme, à partir de 1778 et jusqu’à 1809, tout l’esprit et toute l’essence de l’Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coën de l’Univers, Le Régime Écossais Rectifié devenant alors le conservatoire sacerdotale de la doctrine de l’Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coën de l’Univers, en s’affranchissant cependant des pratiques théurgiques pour lesquelles il nourrissait une certaine déception de par ses expériences passés.
Il a donc entrepris de réunir les traditions chevaleresques germaniques et les enseignements de Martinès de Pasqually et de Louis-Claude de Saint-Martin en un régime maçonnique qu’il fonda et dont il établit les règles, les rituels et les usages à partir de 1778.
Les influences
Il est admis dans l’Ordre Maçonnique que le Rite Écossais Rectifié se différencie des autres rites par sa doctrine qui traite spécifiquement de l’origine, de la condition présente et de la fin de l’homme comme de l’Univers.
Plus précisément, rituels et instructions ont été soigneusement élaborés par les fondateurs du Rite, de façon à constituer un véhicule de cette doctrine.
Le véhicule en question est conçu pour s’adresser à un récepteur actif, c’est à dire : un « …cherchant… » à qui on ne délivre pas un enseignement prédigéré mais que l’on aide à s’approcher par lui-même de ce qu’on cherche à lui enseigner.
Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1803), qui était désormais seul sur Bordeaux après avoir été le secrétaire de Martinès, décidait de se rendre à Lyon. Il restera jusqu’en avril 1776 dans cette ville, vivant au foyer de Willermoz.
Au cours de son séjour, il élabora un programme d’instruction pour les « Élus Coëns » de la ville, organisant avec Willermoz et Jean-Jacques du Roy d’Hauterive, la série des « Leçons » dites de Lyon, qui furent destinées à l’étude et l’approfondissement de l’enseignement de Martinès de Pasqually.
De la sorte Willermoz va engager dans les Leçons de Lyon, une relecture générale des enseignements martinésiens à la lumière des vérités de la Révélation afin de rendre conforme la doctrine de la « Réintégration », avec l’initiation chrétienne qu’il souhaitait réaliser de tous ses vœux.
La doctrine
La doctrine du Rite Écossais Rectifié est axée sur le schéma fondamental :
- État Primordial
- Chute
- Réintégration.
Dès le grade d’apprenti, les allusions rapportées à ce schéma sont nombreuses, le symbole graphique « Adhuc Stat », représentant « …une colonne brisée et tronquée, mais ferme sur sa base… », en est d’ailleurs un des exemples.
Notons bien cependant que « …l’Etat Primordial… » , tel que le conçoivent le Rite Écossais Rectifié et Martinès de Pasqually, reste celui d’un être spirituel, à l’image de ce qu’était Adam avant la Chute, dont l’une des conséquences a été « …l’incorporisation» de l’homme, être auparavant doté d’un corps glorieux, enfermé aujourd’hui dans un corps de matière périssable.
La conséquence directe de la faute contingente d’un être libre est donc, comme le stipule l’Instruction morale d’apprenti, que « …l’homme a perdu la lumière par l’abus de sa liberté… ».
Nous évoquons ici la perte d’un état supérieur à l’état individuel humain, même si le rite dans sa terminologie, le qualifie encore d’humain.
Pour espérer un jour reconquérir cet état, le Maçon rectifié devra plus que jamais se métamorphoser en « …homme de Désir… », ce Désir qui n’est rien d’autre que cette impulsion qui pousse l’homme déchu à retourner vers son état originel et dans laquelle, ce dernier puisera toute l’énergie nécessaire pour accomplir ce difficile retour aux sources.
Toutefois, le Maçon rectifié devra surtout se confier à ce guide évoquée par l’Instruction Morale :
« …Le guide inconnu qui vous a été donné pour faire cette route figure ce rayon de lumière qui est inné dans l’homme, par lequel seul il sent l’amour de la Vérité et peut parvenir jusqu’à son temple.. ».