L’évolution spirituelle de l’homme selon Saint-Martin
Si nous reprenons certains éléments clefs de la pensée de Louis-Claude de Saint-Martin, nous trouvons esquisser ce qui ressemble à la voie ou à l’évolution spirituelle de l’homme.
Schématiquement, il se compose de 4 phases, 4 stades, 4 paliers, qui marquent et dessinent la progression de l’homme, de sa condition terrestre déchue jusqu’à sa reconquête de l’unité divine :
• L’homme de torrent : Ou le « vieil homme », est la condition initiale de l’homme, après la seconde chute (la prévarication d’Adam). Par « torrent », on entend ce flux qui est agitation mais non action. C’est la condition terrestre dans sa dimension réductrice, avilissante.
« Fleuve des siècles, vous semblez ne rouler dans vos eaux troubles que l’erreur, le mensonge et la misère. Au milieu de ces torrents fangeux à peine se trouve-t-il un filet d’eau pure ; et c’est tout ce qui reste pour désaltérer les nations. » (L’Homme de Désir, §102)
• L’Homme de Désir : Quand l’interne perce la coquille de l’externe, qu’une perméabilité se crée, définitivement, entre le monde des aspirations hautes (ou spirituelles) et le monde du quotidien.
« Qu’est-ce que l’esprit demande aux hommes de désir ? C’est qu’ils concourent avec lui dans son œuvre. » (L’Homme de Désir, §250),
• Le Nouvel Homme : Dans l’ouvrage du même nom, Louis-Claude de Saint Martin nous explique que Dieu cherche à faire alliance avec l’Homme. Il s’agit de l’homme « fait » à son image, dans sa pureté originelle. L’Homme de Désir doit donc effectuer un travail de purification constante. Pour l’aider, le Réparateur (Christ) a tracé une voie à suivre.
« Bienheureux ceux qui auront assez purifié leur cœur pour qu’il puisse servir de miroir à la divinité, parce que la divinité sera elle-même un miroir pour eux ! Le nouvel homme ne doute pas que par ce moyen il ne parvienne intérieurement à voir Dieu… » (Le Nouvel Homme, §36),
• Le Ministère de l’Homme Esprit : Titre du dernier ouvrage de Saint-Martin qui, par la suite, mettra sa plume et son énergie au service de la traduction d’ouvrages de Jacob Boehme. On retrouve clairement la forte influence du théosophe allemand, qu’il considère comme son « deuxième maître ». L’accent est mis sur la responsabilité de « l’homme réconcilié », le Nouvel Homme, qui doit œuvrer désormais pour la progression de l’ensemble de la création. En accomplissant cette mission divine, l’homme esprit (devenant l’équivalent de l’Adam originel, du Christ) remplit les charges de son ministère.
« En effet, Dieu ayant destiné l’homme à être l’améliorateur de la nature, ne lui avait pas donné cette destination sans lui donner l’ordre de l’accomplir ; il ne lui avait pas donné l’ordre de l’accomplir sans lui en donner les moyens ; il ne lui en avait pas donné les moyens sans lui donner une ordination ; il ne lui avait pas donné une ordination sans lui donner une consécration ; il ne lui avait pas donné une consécration sans lui promettre une glorification ; et il ne lui avait promis une glorification, que parce qu’il devait servir d’organe et de propagateur à l’admiration divine, en prenant la place de l’ennemi dont le trône était renversé, et en développant les mystères dé l’éternelle sagesse. » (Ministère de l’Homme Esprit)